On entendait un clocher sonner 11 heures ... Eden, la paume serrant deux roses rouges sang, respirait le parfum des fleurs de la serre. Un parfum délicieux et envoutant ! Pas question de quitter cet endroit, il était bien trop silencieux, bien trop calme pour le quitter. Une légère brise passait par la porte vitrée bien ouverte du côté des jardins par là où était arrivé le jeune homme. Celui-ci avançait tel un fantôme au milieu des rangées de parterres colorés, puis, en soupirant, il s'asseya contre le premier mur de verre qu'il trouva, un mur qui n'avait pas de fleurs devant lui, juste un chemin de terre poussiéreux par lequel les invités comme le personnel ou la propriétaire passaient. Eden ouvrit lentement sa paume et regarda les épines dangereuses couvertes du sang écarlate du garçon. Il déposa les deux fleurs sur le sol et prit un mouchoir de sa poche, le posa sur sa paume et le retira lorsque le saignement fut arrêté. Le parfum des orchidées, des lys, des roses, des pétunias, des tulipes comme des violettes envoutait la serre vitrée de tout part qui laissait rentrer les rayons chaleureux du soleil. Eden soupira et posa sa main sur son front, il se sentit tellement seul à ce moment, comme s'il désirait une présence à ses côtés ... La solitude lui faisait beaucoup de mal et lorsqu'il se sentait plus seul que personne ne pouvait l'être, il lui arrivait de voir un fantôme à ses côtés ! Un fantôme qu'il haïssait de tout son être ...
- Eden ... Qu'est-ce qui te tracasse ? Ne t'inquiètes pas : maman sera toujours à tes côtés, tu ne seras plus jamais seul !
- Arrêtez ! Taisez-vous ... Laissez-moi tranquille !!!
La solitude semblait lui apporter l'amour d'une personne qui ne l'a jamais aimé, une personne assoiffée d'argent, une personne sans-coeur, la personne dont il avait le plus besoin étant enfant ... sa mère. Tuée devant ses yeux, malgré cela, Eden la haïssait plus que jamais, plus que personne ! Pourtant, autrefois, elle l'ignorais ... Il n'existait pas pour elle, ce n'était pas son enfant, et pourtant ... c'est à elle qu'il ressemble depuis qu'il est tout petit, les mêmes cheuveux, les mêmes yeux, la même peau et le visage de son père. Un visage barré par la haine. Eden aimait sa mère, elle ne lui rendait pas cet amour. Lorsqu'il voyait sa main fantomatique se tendre vers lui telle une fleur ... il ne pouvait s'empêcher de penser qu'au fond de lui, il l'aimait.
- Pars ... et laisse-moi !
- Tu te souviens quand tu étais petit ? Tu disais que si je disparaissait, tu serais à jamais malheureux ...
- Partez !
- ... mais, tu ne m'a pas pleuré lorsque je suis morte ! Personne ne peut t'aimer plus que moi, Eden. Personne ... Je tuerais celles qui oseront me voler mon fils ... Et nous serons heureux !
Eden d'un geste qui lui parut réel, frappa sa mère et il sentit sa joue ... Le fantôme disparu en riant d'un air enfantin. Eden se leva, décidément, la serre ne le rendait que plus fou ... Peut-être parce qu'elle s'appelait Rosie, comme une rose ... Mais, un bruit de pas régulier s'approcha lentement de Eden qui commençait à devenir fou, qui étais-ce ?